J’interrogeais récemment la Ministre Milquet à propos de l’éducation aux médias, et notamment à propos de l’opération organisée à l’occasion du « safer internet day » le 10 février dernier. Cette campagne internationale et annuelle est destinée à promouvoir un usage du Net plus sûr et responsable, ce qui constitue un enjeu majeur pour nos jeunes. Il est en effet essentiel aujourd’hui d’informer les jeunes sur la manière de se prémunir contre le harcèlement sur internet, de protéger ses données,  d’être prudent lors de l’ajout d’amis sur Facebook …

Cette journée de sensibilisation et d’information est donc tout à fait bienvenue. En revanche, que ce soient des « volontaires » employés de … Belgacom et Microsoft qui se chargent de cette formation des élèves l’est beaucoup moins. Ainsi, 175 employés de ces deux entreprises commerciales se sont rendus dans nos écoles, pour apporter une formation de base sur la sécurité liée au Net à quelque 9.000 élèves..

Le développement du numérique entraîne bien sûr une série de défis, et parmi ceux-ci, il y a celui du  développement de l’esprit critique notamment face à la publicité. Des acteurs compétents et indépendants existent en Communauté française pour se charger de ce genre de formation (par exemple le Conseil supérieur d’éducation aux médias). Et l’école est et doit rester imperméable à toute forme de propagande commerciale. L’interdiction de la publicité à l’école est d’ailleurs explicitement prévue à l’article 41 du Pacte scolaire.

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La participation des employés dits « volontaires » de Belgacom et de Microsoft ne constitue rien d’autre qu’une démarche intéressée au regard des écoles et des futurs clients potentiels que sont les élèves doublée d’un bon coup de pub, puisque sous couvert de bonne action, c’est l’école qui est instrumentalisée au profit de l’image de marque de ces entreprises.

Interrogée là-dessus la Ministre… n’a rien répondu. Alors qu’elle prétend former contre les dérives du web, elle semble oublier que former des jeunes à un usage critique d’internet ne vise pas qu’à les prémunir des pédophiles et des djihadistes, mais aussi à leur permettre d’acquérir un esprit critique, y compris vis-à-vis de la publicité et de la société de consommation.