La Ministre Milquet vient de lancer son « Pacte pour un enseignement d’excellence », annoncé par la Déclaration de Politique communautaire.

Soyons de bon compte : il faut un pacte pour refonder l’école qui fasse l’objet d’un consensus large et déploie ses effets dans la durée. Mais avant de parler d’excellence, il faut se mettre d’accord sur le sens de l’école. Le pacte présenté par la ministre fait l’impasse sur les enjeux fondamentaux : l’émancipation, l’égalité des chances, la possibilité pour chaque enfant de développer ses talents. Enjeux qui impliquent de refonder l’école en partant de la base, soit des maternelles.


On peut évidemment suivre la volonté d’ouvrir l’école vers l’extérieur, de décloisonner, notamment en permettant la mobilité des professeurs entre réseaux (même si on ne touche pas aux structures), de mettre l’accent sur les innovations pédagogiques et les bonnes pratiques sur le terrain et d’adapter l’offre aux besoins de la société du 21ème siècle. Et se réjouir de la volonté affirmée par la ministre de soutenir et consulter les enseignants. Mais c’est précisément parce qu’ils jouent ce rôle d’émancipation de tous les jeunes et donc des adultes de demain que les enseignants sont des « héros du quotidien », qui doivent être d’avantage soutenus.

Le pacte d’excellence, ce sont aussi des mesures sur 10 ans. Si on veut que la mayonnaise prenne, il faut un large consensus. A ce stade, on ne voit pas comment la ministre compte convaincre les enseignants et impliquer l’opposition, jusqu’ici tenue à l’écart du processus.

Enfin, derrière le pacte se cache le discours  « qualité/performance, compétitivité, adéquationnisme ». Cette crainte est renforcée par le fait que la Ministre fait reposer une partie du financement du pacte sur de l’argent privé. C’est d’autant plus problématique que le pacte prévoit des mesures structurelles qui dépendent de financement soit hypothétiques soit ponctuels. Le rôle fondamental de l’école, des enseignants et des jeunes générations mérite mieux que compétitivité et privatisation !

C’est la raison pour laquelle j’ai déposé mardi dernier en commission de l’éducation une motion visant à entamer le Pacte par une réflexion autour de l’émancipation, à assumer la lutte contre les inégalités comme la priorité de ce pacte, à encourager le gouvernement à créer du consensus auprès des acteurs de l’école et des acteurs politiques et à la financer par des moyens structurels et publics.

La majorité a immédiatement déposé une motion pure et simple, pour écarter la mienne. Pour la concertation (et le reste), c’est mal vraiment mal parti