La presse s’est largement fait l’écho cette semaine du débat autour de la suppression de la condition de nationalité pour l’accès à la profession d’enseignant. Le décret prévoyant cette suppression a été adopté hier en séance plénière du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.J’y suis intervenue pour le groupe ecolo, dans les termes suivants:

« Monsieur le Président, chers collègues,

le Groupe ecolo soutiendra avec enthousiasme ce projet de décret.

Il s’inscrit dans la droite ligne de l’ordonnance adoptée en 2002 au Parlement bruxellois et du décret adopté en 2004 à la COCOF, ouvrant fonction publique aux non belges. Ces textes ont été adoptés, je le rappelle, à l’unanimité des groupes politiques démocratiques.

Il s’inscrit également dans la droite ligne des décrets de 2012 adoptés en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles, qui ouvrent également la fonction publique aux étrangers.

C’est donc logiquement qu’on en vient aux enseignants, fonction qui sera désormais ouverte aux étrangers, aux mêmes conditions qu’aux belges, c’est à dire à des conditions liées à la qualité de la personne à engager et non à son origine.

Mon groupe soutient cette ouverture au nom de la qualité de l’enseignement, de la diversité, mais aussi au nom l’égalité de tous dans l’accès à l’emploi, de la lutte contre les discriminations.

Nous soutenons cette ouverture, conscients que nous sommes du rôle d’exemplarité qui échoit à l’Etat, car les discriminations légales forment le socle des discriminations illégales. L’abolition des premières ne peut donc qu’encourager la disparition des secondes.

Cette ouverture de principe est en outre un simplification administrative et a fait l’objet d’un accueil très favorable par les organisations syndicales et représentants des PO.

A ceux qui au MR, mobilisent nos débats en commission, cette tribune et les médias sur ce dossier tout en accusant les autres de l’utiliser à des fins électoralistes, nous répondons que c’est l’hôpital qui se moque de la charité.  

Nous leur répondons :

  • que le MR libéral change d’avis comme la météo dans ce pays : en 2002 et en 2004, le MR a soutenu l’ouverture de la fonction publique aux non belges à Bruxelles, j’ai relu les déclarations de Mr Ouezekhti, MR libéral, qui se félicitait de ces textes au nom de son groupe à l’époque ;
  • que même si « la composition politique » de leurs groupes parlementaires a changé (soit FDF les a quitté) qu’il est loin le temps du libéralisme de l’ouverture de Louis Michel qui avait débloqué le droit de vote des étrangers et que nous le regrettons;
  • que le grand écart qu’ils font entre la défense d’un parcours primo-arrivants dont la finalité est l’insertion, y compris professionnelle, et la fermeture des emplois publics à ces personnes est incompréhensible. On peine à comprendre comment on peut à la fois défendre une obligation à s’intégrer et refuser à ces mêmes personnes l’accès à l’emploi… sauf à pouvoir par la suite déplorer que l’intégration est un échec;
  • Enfin, je me permets de rappeler le rôle d’exemple des autorités publiques. Faire croire que cette ouverture mettrait en danger les demandeurs d’emploi belges, avec lesquels des non belges entreraient en concurrence, c’est justifier ensuite de manière générale des discriminations pures et simples à l’embauche. Comment, après avoir tenu un tel raisonnement, encourager ensuite les employeurs privés à ne pas écarter des candidatures de personnes étrangères ?

Pour toutes ces raisons, nous réfutons fermement les arguments du groupe MR et soutiendrons totalement le projet du gouvernement.