Samedi dernier, nous organisions donc une rencontre sur l’accueil et l’accompagnement des enseignants lors de leur entrée en fonction.
Après avoir entendu des enseignants débutants, des chercheurs et des acteurs impliqués dans l’accompagnement d’enseignants débutants sur le terrain, j’ai eu l’occasion de conclure, en tirant les constats suivants:
- la recherche et le terrain n’ont pas attendu l’impulsion politique : il y a une nécessité d’accompagnement ;
- il existe de nombreux modèles : 1 tuteur, 1 mentor, un groupe de pairs, des formules individuelles, collectives, des dispositifs formels, informels, internes, externes. Un seul de ces dispositifs n’est à lui seul jamais suffisant ;
- un dispositif d’accompagnement, c’est positif pour l’enseignant débutant et pour tous les enseignants débutants (qu’ils aient été formés pour le devenir ou non), mais aussi pour les enseignants chevronnés, pour leur école toute entière, voire même pour améliorer la formation initiale ;
- ça ne peut pas marcher si la direction ne soutient pas. Un dispositif d’accompagnement qui marche est toujours un projet collectif;
- il n’y a pas de modèle clé sur porte. Il faut faire du sur mesure;
- il est nécessaire de créer des lieux où les bonnes pratiques peuvent se connaître et s’enrichir mutuellement ;
Nous sommes dès lors convaincus qu’un programme d’accompagnement des jeunes enseignants est utile, et qu’il est utile pour tous les enseignants débutants, et dans toutes les écoles. Pour autant, il n’est pas pertinent d’imposer un modèle obligatoire et uniforme. C’est pourquoi nous avons réfuté et réfutons toujours fermement un lien direct entre les mesures de fin de carrière et une obligation de tutorat.
Un bon tuteur ou un bon système d’accompagnement, ça ne se décrète pas. Au contraire, un bon système d’accompagnement, ça se construit collectivement, dans chaque école, avec le soutien de la direction, au regard des réalités de terrain.
Pour créer les conditions pour que dans les écoles, des initiatives d’accompagnement des jeunes enseignants adaptées puissent se développer nous proposons dès lors les pistes suivantes:
- l’entrée en fonction doit être mise au coeur du chantier de la réforme de la formation initiale et continue des enseignants. En particulier, les moments des stages et la relation entre le maître de stage et le futur enseignant doivent être mis en cohérence avec les enjeux de l’entrée en fonction future ;
- la formation continue doit proposer des formations solides et ambitieuses pour outiller des enseignants qui le souhaitent et « qui le sentent », à devenir des relais dans leur école de dispositifs d’accompagnement des jeunes enseignants. Si les écoles le souhaitent, elles pourraient ainsi disposer d’un ou plusieurs enseignants formés à cela ;
- une équipe d’experts, formés théoriquement et pratiquement à la question de l’accueil des enseignants débutants, doit pouvoir être mise à la disposition des écoles, pour aider les enseignants relais à démarrer dans leur école l’accompagnement qui sera le plus adapté.
- il faudra aussi informer les directions de ces modèles et outils et les convaincre de leur utilité.
Nous sommes également convaincus de la nécessité de dégager du temps pour accompagner le début de carrière.
Le temps de travail en classe des enseignants débutants doit être allégé, sans perte de salaire. Et du temps doit être dégagé intelligemment, via la formation et le travail des enseignants-relais dans leur école et leur soutien par des experts.
Ce sont ces pistes qui inspireront dans les prochains mois mon travail parlementaire en commission de l’éducation sur ce sujet!