« Francophones. Bruxelles » : le gouvernement de la Cocof (collège PS, CDH et FDF) vient de s’accorder sur la nouvelle image de l’institution. Certains trouveront ça net et sans bavure. Nous trouvons ça à la fois ridicule et excluant dans le Bruxelles d’aujourd’hui. Un mauvais signal, sans doute poussé par le FDF et ses obsessions linguistiques, endossé par le PS.
La Cocof, c’est cette institution bruxelloise, qui a bien du mal à se faire un nom depuis sa naissance en 1989, et qui s’occupe de social, de personnes handicapées, de culture, ou encore d’enfance, en subventionnant des institutions mono-communautaires « francophones ». La mise en œuvre de la 6e réforme de l’État a encore réduit ses compétences, puisque la logique privilégiée a été de « déposer » les nouvelles compétences à la Cocom, la Commission communautaire commune, gérée communément entre francophones et néerlandophones de Bruxelles.
Et donc, dans ce contexte, la Cocof se donne un logo officiel et bientôt un nouveau drapeau. Le texte y est primordial et, en fait, toute l’image se résume en ces deux mots : « Francophones. Bruxelles », en bleu sur fond jaune (quasi comme ci-dessus, à deux lettre près 🙂 ).
Cette image sera de fait imposée pour remplacer l’ancien logo sur les sites web, devantures, affiches et autres publications de toutes les associations subventionnées par la Cocof et pour tous les événements subventionnés.
Cette affirmation francophone ne correspond en rien à Bruxelles telle qu’elle est et telle que nous, écologistes, entendons la défendre. Bruxelles est une ville multiculturelle, ouverte, où se côtoient francophones, néerlandophones, mais aussi européens, bruxellois issus de l’immigration…
Elle est d’ailleurs une faute constitutionnelle. Car, à Bruxelles, si on peut étiqueter des institutions, il est légalement interdit de donner un « sexe linguistique » francophone ou néerlandophone aux habitants, aux citoyens. N’importe qui peut décider de fréquenter n’importe quelle institution, qu’elle soit financée par des fonds régionaux ou des moyens « francophones » ou « néerlandophones ». Et n’importe qui peut fréquenter à la fois des institutions francophones et néerlandophones s’il le désire. Or, ce terme « francophones » (avec « S ») collé à des institutions laisse à penser qu’il s’agit d’un lieu ou d’activités « pour les francophones, par les francophones ». On met une étiquette sur des utilisateurs de services, alors qu’ils n’ont rien demandé.
Cet étiquetage du public est d’autant plus absurde, si on s’en réfère simplement aux statistiques démographiques. Les personnes qui fréquentent les institutions de la Cocof, comme les autres services régionaux, n’ont majoritairement PAS le français comme langue maternelle. Elles sont majoritairement arabophones, hispanophones, anglophones, russophones, néerlandophones ou carrément zinneke ! Bruxelles a changé. Et on a un peu l’impression que certains décideurs politiques soit ne l’ont pas vu, soit refusent d’accepter cette réalité.
Bruxelles, les Bruxelloises et les Bruxellois méritent des institutions inclusives et à la hauteur des enjeux considérables de cohésion sociale auxquels nous devons faire face, ensemble. Commençons dès lors par nous épargner des guéguerres de symboles : mon « francophones » par-ci, versus mon éventuel « néerlandophones » par-là. Bruxelles ne peut pas être l’otage des marottes du FDF et de la NV-a. Nous devons sortir de ces logiques malsaines et miser sur des symboles incluants et fédérateurs. En ce sens, la décision du Gouvernement de la Cocof concernant le logo est aussi ridicule que fautive !
Alain Maron, chef de groupe Ecolo à la Cocof
Barbara Trachte, députée régionale Ecolo et à la Communauté française
Arnaud Pinxteren, député bruxellois et Secrétaire politique Ecolo Bruxelles