On a sans cesse l’occasion de le constater: une série d’acteurs continue à véhiculer des clichés et stéréotypes sexistes dans notre société. Les publicitaires, les fabricants et magasins de jouets qui continuent à proposer des poupées et dînettes pour les filles, des armes et des voitures pour les garçons et même l’Académie française qui refuse toute féminisation des noms par exemple. Les stéréotypes sont donc intégrés dès le plus jeune âge et se prolongent dans le parcours scolaire.
Une étude de l’ULG sur les représentations des jeunes par rapport à leur avenir professionnel et la conciliation vie de famille – vie professionnelle révèle que les filles évoquent plus fréquemment que les garçons la possibilité de travailler à temps partiel afin de s’occuper des enfants. Quant aux garçons, ils pensent régulièrement que leur revenu sera la principale rentrée financière du ménage, contre 7% des filles seulement. Et pour les élèves qui s’écartent des chemins tout tracés, ils sont confrontés aux jugements tranchés de leurs camarades de classe : il y a des « métiers de mecs » et des « métiers de femmes ».
L’école devrait favoriser la déconstruction de ces stéréotypes et le développement égalitaire des élèves. Or, l’on constate qu’actuellement le système scolaire le plus souvent sans en avoir conscience, traite différemment les filles et les garçons, ce qui contribue à entretenir ces inégalités !
Dans ce cadre, les manuels scolaires belges sont eux aussi pointés du doigt dans une étude menée récemment par le CEMEA : les garçons sont sur-représentés, les prénoms masculins ont également la cote et il y a beaucoup de héros pour peu d’héroïnes. Il y a une perpétuation des rôles traditionnels (père est une figure d’autorité, mère élevant les enfants et accomplissant des tâches domestiques) et une survalorisation des métiers habituellement masculins (pompier, policier, garagiste…).
En 2006, la Communauté française a adopté un décret relatif aux manuels scolaires. Ce décret permet aux écoles et aux enseignants de se procurer à moindre coût des manuels reconnus comme fiables par la Fédération Wallonie- Bruxelles. Pour recevoir cet agrément de la Fédération, les manuels doivent impérativement répondre à plusieurs critères éthiques et pédagogiques telle que la lutte contre le racisme et la xénophobie.
Le manuel scolaire n’est pas un livre comme un autre : il a une place et une autorité importante dans l’apprentissage des élèves et la représentation qu’ils ont de la société ! Malheureusement, le critère d’égalité entre femmes et hommes n’est pas un critère déterminant pour l’agrément des manuels scolaires en Belgique francophone. Afin de mettre fin à tous ces stéréotypes véhiculés dans les livres scolaires, avec ma collègue Hélène Ryckmans, nous déposons donc une proposition de décret visant à y remédier.
Et nous espérons qu’au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, tous les partis politiques nous rejoindront!