Voici donc 20 ans que le Génocide des Tutsi, dont ma famille a été victime, a été perpétré. Voici donc que s’ouvrent les commémorations dès ce 7 avril, et en particulier pour ma famille et les victimes de l’Évêché de Kibungo le 14 et le 15.
Ce n’est pas le sujet le plus simple à aborder, mais ce que je devais exprimer à l’occasion de ces journées de souvenir, c’est un double hommage. D’une part aux victimes elles-mêmes, et d’autre part aux rescapés et aux proches des victimes.
Les minutes de silence peuvent sembler dérisoires. Elles n’en constituent pas moins un temps d’arrêt, que l’on dédie entièrement à penser à celui ou celle à qui elles sont consacrées. Il n’y aura jamais assez de minutes de silence parce que ce qui s’est passé dépasse la mesure, chacune de celles que l’on observe réaffirme néanmoins symboliquement la qualité d’être humain des victimes. Précisément cette qualité que l’idéologie génocidaire dénie.
Alors vous qui me lisez, si vous passez quelques instants à y penser, vous faites beaucoup et pour les victimes et contre l’idéologie génocidaire. Et je n’aurai pas écrit pour rien.
Hommage aussi aux rescapés, et aux proches des victimes, qui depuis 20 ans, au Rwanda et partout ailleurs doivent organiser leur vie avec ce poids. Personnellement, je le vis certainement dans des circonstances beaucoup plus favorables que d’autres, en particulier ceux et celles qui sont restés seuls, sur les collines. Je peux toutefois affirmer que ça n’a rien d’évident. Les témoignages, les mémoriaux, les commémorations, les actions judiciaires, l’aide aux rescapé-es, sont des démarches douloureuses. Et nécessaires, pour ceux qui les entreprennent, pour leurs proches victimes, et finalement pour l’humanité, pour tous ceux qui, en raison ou à l’occasion de celles-ci, apprennent ou se souviennent de ce qui s’est passé au Rwanda, en 1994.
Aujourd’hui, je voulais donc aussi saluer les rescapés, et les proches des victimes, et modestement vous demander de les encourager, et de les remercier.